«L'économiste Christian Saint-Etienne, auteur de «La fin de l'euro», ne croit pas que le plan d'aide de 750 milliards d'euros puisse sauver l'euro.
Le figaro.fr/jdf.com - Que pensez-vous du plan d'aide présenté par l'Union européenne ?
Christian Saint-Etienne Cette décision tactique est bienvenue, je l'appuie totalement. Elle met fin au délire des marchés, qui avaient perdu leur boussole. Ces derniers jours, les actifs étaient sous-cotés par rapport à leurs fondamentaux. Le rebond observé aujourd'hui est un retour aux niveaux d'avant la chute des marchés.
Ce plan ne règle toutefois rien sur le long terme. Sur les 750 milliards d'euros, seuls 60 milliards sont réellement sur la table. Le reste ne correspond à rien de concret. Enfin, la Grèce était en faillite vendredi, et elle est toujours, lundi, en faillite.
Quels problèmes de long terme demeurent ?
Nous ne nous dirigeons pas vers une coopération budgétaire renforcée. On savait dès le départ que, pour créer une zone monétaire optimale, il faudrait mettre en place un gouvernement économique, un fédéralisme fiscal puissant et un encadrement de la concurrence fiscale et sociale. Aucun de ces mécanismes n'a été mis en place.
Vous vous attendez donc à l'explosion de la zone euro ?
Non, je dis simplement que la zone euro n'a pas les ingrédients pour durer. Les Etats membres enregistrent des performances économiques divergentes. Un État, l'Allemagne, mène même une politique de désinflation salariale non coopérative.
Enfin, les perspectives économiques sont désespérantes (autour de 1% de croissance jusqu'en 2011) et les mesures de rigueur ne devraient rien arranger. Pas de quoi donner envie aux jeunes européens de rester, alors que le reste du monde croîtra à un rythme de 4%!
Comment voyez-vous l'avenir de l'euro ?
Je n'ai pas de scénario de la fin de l'euro. Mais scinder la monnaie unique en deux zones serait éventuellement souhaitable, car la zone actuelle n'est pas cohérente. D'un côté, les pays producteurs (Pays-Bas, Autriche) se regrouperaient autour de l'Allemagne. De l'autre, les pays aux déficits commerciaux se rassembleraient autour de la France.
Cet euro du sud, selon moi, ne serait pas un «club Med'» et la Grèce, qui a toujours menti et ne connaît pas le consensus autour de la réduction du déficit budgétaire, n'y aurait pas forcément sa place. Au final, nous aurions deux euros, dont la parité varierait, un peu comme le dollar américain et canadien.
Christian Saint-Etienne, membre du Conseil d'analyse économique, est professeur d'économie au Conservatoire national des arts et métiers et à l'Université Paris-Dauphine. Il a écrit «La Fin de l'euro», chez Bourin Editeurs.
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